mercredi 14 novembre 2012

absinthe. page 26. Mineur de fond

On buvait des chopes de bière, des "quatre au pot" à 2 sous (pot de 2 litres) que la patronne allait tirer au tonneau à la cave. La diversité des boissons, dans ces cafés de cité, n'était pas la même que dans ceux de la ville où on pouvait prendre une absinthe ou du vin, ici, c'était soit une bière soit, la chope ne passant plus, un "chass'bière" : le "g'nièfe"...
Contrairement à ce qu'ont prétendu certains auteurs, il y avait peu d'ivrognes. "In faisot guinsse al ducasse, pis al Sainte-Barbe, et après in d'avot qui faisottent el'poirier !" me disait mon père. C'est-à-dire que l'on prenait, en ce temps-là, une bonne cuite à la ducasse de septembre et parfois de mai, puis à la Sainte-Barbe - qui était surtout l'occasion de se retrouver en famille autour du meilleur lapin et de boire exceptionnellement du vin -, mais après on ne pouvait plus recommencer, car on n'avait plus d'argent.

Augustin Viseux, Mineur de fond, Terre humaine-Plon, 1991.



Augustin Viseux (1909-1999), fils et petit-fils de mineur, fut lui-même mineur avant de gravir les échelons et devenir ingénieur.
Il a à la demande de Jean Malaurie, directeur de la collection Terre Humaine, rédiger un livre où il raconte sa vie et son expérience de mineur. Douze années lui furent nécessaires pour s'acquitter de cette tâche.