lundi 22 février 2016

absinthe. page 112. Les jours et les nuits

Nosocome avait pendu sous un globe une paille horizontale à une soie de cocon, et vérifié que l'approche d'une chaleur animale ne déplaçait pas assez l'air inclus pour une libration. Sengle distant de plusieurs mètres obtenait des déclinaisons par un regard peu prolongé.
Sengle joua aux dés un jour, dans un bar, contre Severus Altmensch, au premier quinze. Il amena trois fois cinq, cinq et cinq. Et il prit plaisir à annoncer à Severus les points invraisemblables qu'il percevait tournoyer, avant leur sortie de l'opacité du cornet. Et, le second coup, déjà un peu ivre d'absinthes et cocktails, il jeta cinq, quatre... Le bourgeoisisme idiot de Severus ricanait ; et SIX. Personne ne joua plus aux dés avec lui, car il dépouillait de sommes considérables.

Alfred Jarry, Les jours et les nuits, Gallimard, collection L'Imaginaire, 1981.


Alfred Jarry (1873-1907)
7 rue Cassette, où il s'installa en 1897.
Aux côtés d'Alfred Vallette, directeur du Mercure de France
(photos extraites du site http://www.patafisica.it)